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A l'occasion du centenaire de la mort de John Millington Synge, le dramaturge irlandais — dont Samuel Beckett disait qu'il lui devait son amour du théâtre — , la Comédie de l'Est dirigée par Guy Pierre Couleau à créé deux autres pièces de Synge : Les Noces du Retameur et la Fontaine des Saints.
Guy-Pierre Couleau que l'on ne présente plus tant il fait parti du paysage théâtrale... nous propose du théâtre réaliste comme nous sommes peu habitué à en voir...Je me permets de le rapprocher du travail de Guy Freixe, un autre metteur en scène qui aime se coltiner avec le théâtre irlandais.
Si on ne peut plus nier que Guy-Pierre Couleau est l'enfant terrible engagé du théâtre français — Sue Glover, Synge, ... — , on ne peut que l'en féliciter...
Rappelons-nous que Couleau-acteur travaille avec Stéphanie Loïk, Agathe Alexis, Daniel Mesguich. Puis qu'il créera sa compagnie presque exprès pour monter le Baladin du monde occidental de Synge (déjà). Metteur en scène, il s'impose de mettre le texte, l'acteur au centre. Car pour Guy-Pierre le théâtre, c'est avant tout de l'émotion, des tripes... il y a le plaisirs brute, celui ressenti à la lecture du texte puis les émotions naissantes du travail avec les acteurs :
- je ne dirige pas, je prefère les accompagner...
Ce que The Irish Eyes pense des Noces du Rétameur
par Gaël Staunton
Et Guy-Pierre Couleau les accompagne de bien merveilleuse manière...
Dans la première pièce du dyptique — c'est ainsi que Guy-Pierre l'a travaillé mais ce n'était pas originellement écrit ainsi par Synge — Les noces du Rétameur, la mise en scène, les costumes et le jeu brillant des comédiens réussisent à éclairer le texte de Synge et à montrer la modernité et l'universalité du texte du dramaturge irlandais.
Les choix de Couleau : costumes intemporelles, très proches pourtant de ceux d'Aran... la musique — qui peut surprendre mais s'entend avec le corps, le décor, simplicisme et pourtant élégamment évocateur des paysages ondulants d'Irlande, l'utilisation de marionnettes et de jeux d'ombres chinoises donnent cette belle universalité et font résonner la poésie du texte de John Milligton Synge.
Certes, Synge raconte une histoire révolue, celle des ferblantiers, autrefois parias sur les routes irlandaises mais Guy-Pierre Couleau en raconte une autre celle de tous les hommes et femmes "à part".
Pas de misérabilisme, Synge comme Beckett s'interdit le pathos et c'est l'humour, la déraison qui contrôle la réflexion...
Et on sourit, et on rit à l'observation, à la justesse des constats de ces indigents clairvoyants, c'est l'apothéose du bon sens populaire à l'irlandaise porté par des comédiens généreux et spontanés, un pur moment de théâtre.
Il n'est jamais juste de pointer un comédien tant l'osmose de la troupe est palpable, mais j'avoue que l'énergie et la verve de Flore Lefebvre des Noëttes sont irlandais à souhait et m'ont beaucoup touchée. — La critique doit s'émouvoir aussi.
Après l'entracte, où vous pouvez vous restaurer dans la salle du théâtre transformée par l'équipe des décorateurs en pub irlandais, il sera aisé de plonger dans la seconde partie : La Fontaine aux Saints.
Ce que The Irish Eyes pense de La Fontaine des Saints.
par Gaël Staunton
Mary et Martin Doul, un couple d'aveugles, à l'entrée du village sur le bord de la route, se réchauffent au soleil — on ne peut s'empêcher de penser à Estragon et Vladimir (En attendant Godot - Beckett). Jusque-là leur vie était remplie à s’aimer et à partager une cécité harmonieuse. Le forgeron leur annonce l’arrivée d'un saint qui fait des miracles, il vient leur rendre la vue... mais voulaient-ils vraiment voir et que verront-ils ?
Bien sûr, il ne nous faudra pas attendre longtemps pour comprendre combien Synge est ici anticlérical, combien il ironise le rapport au religieux. Il nous entraîne plus loin, il interroge sur le 'normal', le 'logique', en notre période exagérément politiquement correcte, il trouve sa place et met en garde contre l'uniformité.
La troupe de comédiens joyeux et talentueux campe tous les caractères d'un village irlandais — on s'y croirait — mais c'est bel et bien toute notre société qui est moquée... Ces acteurs là, nous donnent à savourer sans se ménager, ils prennent plaisir à jouer ce théâtre réaliste.
Non, je n'en direz pas plus, allez au théâtre, vous ne pourriez que regretter de ne pas avoir vu Les noces du rétameur et La fontaine aux saints !
Interprètes dans Les noces du rétameur : Xavier Chevereau - Pascal Durozier - Flore Lefebvre des Noëttes Carolina Pecheny
Interprètes dansLa fontaine aux saints : Xavier Chevereau - Pascal Durozier- Flore Lefebvre des Noëttes - Anne Mauberret - Philippe Mercier - Carolina Pecheny
Collaborateur artistique à la mise en scène : Guillaume Clayssen Scénographie : Raymond Sarti
Costumes : Laurianne Scimemi
Lumières : Laurent Schneegans
Jusqu'au 28 mars à Antony
Du mardi au samedi à 19h30, le dimanche à 16h00
Relâche le lundi 22 mars
Spectacle recommandé dès 14 ans
Durée : 3h10 dont 35 minutes d’entracte
TARIFS
Plein tarif : 22 € Tarif réduit (- 26 ans, + 60 ans, familles nombreuses, groupes et handicapés) : 16 € Tarif préférentiel (étudiants, demandeurs d’emploi) : 10 €
RESERVATIONS
Par téléphone : 01 41 87 20 84 Le mardi de 14h à 19h, du mercredi au vendredi de 11h à 19h, le samedi de 11h à 17h